L’année 2001 révolutionne complètement le déroulement du championnat mondial de motocross. Les trois catégories traditionnelles créées respectivement en 1957 (500cc), en 1962 (250cc) et en 1975 (125cc) organisaient jusque-là des compétitions parallèles. La société Dorna, spécialisée dans la tenue des courses de moto vitesse pure, obtient, par rachat, le droit d’en faire autant pour les Grands Prix de motocross. Elle impose, à partir de 2001, une nouvelle formule. Les compétitions se tiendront en une seule manche de 40 minutes plus deux tours pour chacune des trois catégories mais nécessairement au même endroit et à la même date.
Ce bouleversement transforme, par conséquent, l’ampleur des différents Grands Prix organisés tout au long de la saison. Le circuit de la Citadelle est modifié avec un départ en sens inverse des précédentes éditions et de nouveaux aménagements au chalet du monument sont réalisés. Il accueille en outre le prestigieux Motocross des Nations. Les fans de motocross ont donc la possibilité d’admirer les pilotes deux fois à Namur en 2001, le 5 août à l’occasion du triple Grand Prix et le 30 septembre pour les « Nations ».
L’everest d’Everts
Malgré cette affiche exceptionnelle, le suspens n’anime guère les trois courses tant la domination des favoris est écrasante. Le Français Pichon et le Britannique Dobb s’imposent en 125cc et en 250cc. Stefan Everts écrase la concurrence dans la catégorie des 500cc pour égaler le record des 50 victoires en Grand Prix de Joel Robert. Deux autres Belges complètent le podium : Marnicq Bervoets et l’inusable Joel Smets.
Etant donné cette supériorité belge, le motocross des Nations devait revenir aux pilotes du plat pays. Les Américains sont restés chez eux suite aux attentats du 11 septembre ! Hélas, la malchance s’acharne sur Steve Ramon et Joel Smets qui accumulent les ennuis mécaniques alors que Stefan Everts remporte deux manches sur trois. Les Français David Vuillemin, Yves Demaria et Luigi Seguy inscrivent leur nom au palmarès et offre une première victoire à l’Hexagone.
Patrimoine en péril?
Cette cruelle défaite en annonce une pire. En 2002, aucun Grand Prix de motocross n’a lieu à la Citadelle de Namur. Le circuit de Genk lui a été préféré et les exigences financières de Dorna deviennent extravagantes. L’année suivante, la triple compétition revient à Namur, le 20 juillet. Elle couronne deux fois Stefan Everts (en « Motocross GP » et en 125cc) et le pilote local Cédric Mélotte qui devance Joel Smets dans la catégorie nouvelle des 650cc. Aux championnats mondiaux, les Belges dominent leurs concurrents. Everts coiffe une septième couronne en « Motocross GP », Smets l’emporte en 650cc et Steve Ramon s’impose en 125cc.
En 2004, les règles changent une nouvelle fois suite avec l’arrivée d’un nouveau propriétaire. Youthstream remplace Dorna mais la logique financière continue à dicter sa loi. Les catégories changent de nom : Mx1 (125cc), Mx2 (250cc), Mx3 (500/650cc). Les courses respectent, de nouveau, la formule en deux manches. Namur retrouve aussi ses habitudes avec une date de Grand Prix au mois d’août. Les catégories MX1 et MX2 s’y affrontent désormais. Stefan Everts accumule toujours les victoires à la Citadelle en s’élançant dans la compétition des MX1. En MX2, le jeune Italien, Antonio Cairoli y gagne son premier Grand Prix.
Deux nouveautés en 2005 à Namur : le Grand Prix se déroule le 8 mai et la 1ère manche du championnat du monde de Supermoto est organisée sur l’esplanade namuroise mi-juillet. Stefan Everts ne gagne pas la première manche mais il remporte la seconde et le Grand Prix pour la cinquième fois. En MX2, Antonio Cairoli s’impose dans la première course mais abandonne en seconde. C’est l’Australien Andrew McFarlane qui remporte le trophée namurois mais il devra s’incliner devant l’Italien pour le titre mondial.
Le 6 août 2006 offre, encore une fois, une date mémorable au Grand Prix de la Citadelle. Stefan Everts conquiert les points nécessaires pour y être sacré champion du monde pour la 10e fois en gagnant les deux manches. Quelques semaines plus tard, il arrête sa carrière en remportant le Grand Prix de France, le 101e ! Au championnat, il devance deux autres Belges : Kevin Strijbos et Steve Ramon. Le Namurois Cédric Mélotte occupe le 11e rang de cette hiérarchie. En MX2, Antonio Cairoli est intouchable à Namur mais il laisse le titre mondial au Français Christophe Pourcel.
Entre les caprices de la fée TV
Le sacre d’Everts est à peine célébré que des doutes s’élèvent déjà sur la tenue d’un Grand Prix à Namur en 2007. La société Youthstream dirigé par l’Italien Giuseppe Luongo ne cache pas sa préférence pour les circuits plus courts et mieux visibles pour les spectateurs mais surtout pour les caméras de télévision. La course revient, malgré tout, sur les versants de la Citadelle. Sébastien Pourcel, le frère du vainqueur en MX2 de l’année précédente, l’emporte. Steve Ramon ne brille pas mais, à la fin de la saison, il s’empare du titre suite à l’arrêt de Joshua Coppins après une terrible chute en Tchéquie.
Maudite sorcière
Quelques mois après la fin de la saison 2007, en novembre, un communiqué de presse annonce l’impossibilité pour le comité d’organisation du Grand Prix de la Citadelle d’assurer la tenue de la compétition l’année suivante. Les exigences imposées par les organes de décision du championnat mondial et les contraintes inhérentes à la gestion d’événements sportifs de masse sont finalement venues à bout des énergies locales.
Il y avait dans cette atmosphère namuroise une qualité de l’exploit réalisé pour le champion qui s’y imposait. Je pense que les champions qui ont gagné à Namur doivent toujours être fiers de le rappeler parce que c’était une vraie prouesse. Si on regarde le palmarès, ce sont les plus grands noms du motocross qui s’y sont imposés.
Michel Lecomte (journaliste sportif)